L’école buissonnière

 

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Les araignées-caméléons

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Texte de Piero Fariselli et Cesare Brizio pris sur Natura mediterraneo et traduit de l’italien :

 

« Si, pendant la belle saison il vous arrive de vagabonder sur une quelconque partie de notre territoire (NdT : l’Italie en l’occurrence mais aussi partout en Europe) dans les friches incultes abondamment fleuries, vous pourrez avoir la chance de rencontrer  quelques unes des araignées les plus belles. Avec un peu de persévérance, sur les corolles des fleurs ou juste en dessous, nous pouvons trouver Thomisus onustus et Misumena vatia.

Il arrive aussi souvent qu’on les repère en voyant leur proie, papillon, bourdon ou abeille pendant à l’extérieur de la corolle dans une posture artificielle et surtout figée.(NdT)

Ces araignées aux couleurs éclatantes appartiennent à la famille des Thomisidae dont les représentants sont communément appelés araignées crabes que ce soit pour leur forme mais aussi pour leur capacité à se déplacer latéralement (capacité unique et inhabituelle chez les araignées).

Ce sont des chasseurs hors pair, restant des heures durant à l’affût qui peuvent capturer des proies bien plus grandes qu’eux. Au service de leur grande efficacité, un venin particulièrement puissant qui paralyse presqu’instantanément la proie et leur enlève toute velléité de fuite ou résistance.

Pas de panique !! Elles sont  complètement inoffensives pour l’homme car leurs chélicères  sont trop petites pour pouvoir pénétrer notre peau, même de façon minime.

A la différence d’autres araignées qui possèdent des chélicères dentés, les Thomisidés doivent digérer extérieurement la proie en lui injectant des enzymes digestifs dans le corps et en buvant ensuite la bouillie obtenue par la fonte des tissus internes du malchanceux.

Leur conformation physique en fait des machines parfaites pour la chasse à l’affût comme par exemple les huit pattes de tailles très différentes.

Les deux paires postérieures, courtes et robustes servent à déplacer le poids du corps et à le maintenir accroché à la fleur ou à la feuille lors de l’attaque.

Les quatre pattes antérieures sont au contraire longues, en particulier les premières, possèdent de longs crochets et se referment en tenaille à une vitesse considérable pour pouvoir enserrer la proie.

La vitesse de blocage est obtenue par le reflux hydraulique vers l’abdomen accompagnant la contraction des muscles des pattes. En fait, comme pour toutes les araignées la force d’extension des membres est générée principalement  par la pression hydraulique, alors que la contraction survient avec l’aide de la flexion des muscles.

Autre particularité de ces deux araignées : celle de pouvoir changer de couleur au fil du temps.

Etant donnée  leur vie de chasseur en attente sur une fleur, il est particulièrement important pour ces araignées d’être difficilement identifiables tout d’abord de leurs principales proies qui sont des hyménoptères comme les abeilles ou les bourdons mais aussi de leurs prédateurs les plus actifs : les oiseaux.

Le problème est donc résolu si on réussit à adapter sa propre couleur à celui de la fleur sur laquelle on se pose.

Considérant que la perception des couleurs chez les oiseaux comprend le spectre de l’ultraviolet au rouge alors que celle des hyménoptères chassés est plus sensible de l’ultraviolet jusqu’au bleu vert il est évident que T. onustus et M. vatia doivent trouver un compromis entre ces deux sensibilités visuelles.

Habituellement, l’araignée réussit à satisfaire les deux exigences même si dans quelques cas c’est le mimétisme par rapport à la proie qui est privilégié; cela fait légèrement augmenter la possibilité d’être pris pour une cible mais cela augmente de façon significative la possibilité de capturer des hyménoptères.

M. vatia en particulier réussit à réduire parfaitement son contraste chromatique sur les fleurs blanches, alors que T. onustus, un vrai champion, réussit à le faire aussi très bien sur des fleurs d’une autre couleur.

Mais comment s’y prennent elles et comment accomplissent elles ces métamorphoses de couleurs ?

Pour répondre à ces questions nous devons nous rappeler que chez les araignées la couleur est déterminée par deux phénomènes différents : le premier est donné par la pigmentation (couleur intrinsèque de composants chimiques déterminés) et le second vient de la réflexion sélective de certaines longueurs d’onde (par exemple le jaune des pétales d’une fleur est rendu par le fait qu’ils ont absorbé toutes les longueurs d’onde le l’arc en ciel sauf le jaune qui est réfléchi).

Dans le cas de ces araignées le processus de mutation réunit les deux deux procédés.

Pour M. Vatia dont les variations de couleur sont étudiées depuis plus d’un siècle, la coloration de base est due à la totale réflection de la lumière par les cristaux de guanidine des cellules situées sous la cuticule transparente.

A la base, M. vatia est blanche mais si il se trouve qu’elle n’a à faire qu’à des fleurs jaunes, elle est sensible à la lumière qu’elles reflètent et au bout d’une dizaine de jours, Misumena produit des pigments qui la rendent jaune et à nouveau mimétique. Le processus est réversible, si elle se retrouve  sur des fleurs blanches, elle peut digérer le pigment et en près de cinq jours redevenir blanche.

Chez T. onustus, la variation chromatique est plus rapide et la gamme de couleur peut varier  du jaune au blanc, du rose au violet. »

 

Cependant seules les femelles sont capables d’une telle prouesse, les mâles demeurant de la même couleur toute leur vie.

 

 

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