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Langues en danger d’extinction

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Dans un  siècle, 90% des environ 6000 langues parlées aujourd'hui pourraient avoir disparu.

 

C'est un fait avéré que l'humanité est confrontée à une perte galopante  de la diversité biologique de la planète et que durant la seconde moitié du XXème siècle l'extinction des espèces s'est accélérée comme jamais auparavant dans notre histoire.

Et il ne semble pas que ce phénomène aille en se freinant, bien au contraire...

 

Mais nous devons aussi affronter un autre problème grave : l'appauvrissement culturel qui se matérialise par la disparition de la diversité linguistique mondiale.

 

L'UNESCO chargea il y a quelques mois (année 2002) une commission d'experts de rédiger un communiqué sur la disparition des langues minoritaires et les résultats sont vraiment alarmants.

La richesse linguistique de l'humanité diminue depuis 1990 à un rythme sans précédent (selon les calculs, 20 à 30 langues disparaissent chaque année) et on estime que dans un siècle, 90% des environ 6000 langues parlées aujourd'hui  dans le monde pourraient s'être éteintes.

 

Le résultat sera que, selon les estimations acceptées par les experts, 90% de la planète parlera 4% des langues existantes et cette disproportion augmentera dans un futur proche avec les conséquences négatives que cela suppose pour la diversité culturelle.

Avec chaque langue qui disparaît se perd la tradition orale qui lui est liée et qui inclut une grande diversité de connaissances, dans la plupart des cas jamais écrites et qui peuvent donc être irrécupérables.

 

Le problème comme dans le cas de la biodiversité n'est pas nouveau mais au contraire bien connu par l'extinction de langues dans l'Antiquité, tel le Sumérien, disparu sans laisser de descendance, parlé dès le 4ème millénaire avant notre ère en Mésopotamie (actuel Irak).

 

Il s'agit donc d'un processus inexorable et intemporel mais il s'est transformé en une épidémie dans les dernières décennies sans doute à cause de la graduelle globalisation économique et culturelle du monde. Sans aller chercher plus loin, pensons au paradoxe que représente en pleine société de connaissances l'inéluctable informatisation de l'accès au savoir qui doit se faire au travers de très peu de langues, quasi exclusivement en Anglais.

 

Dans ce sens, il faut souligner la lutte qu'ont mené par exemple les Islandais pour obtenir que leur langue, employée par seulement 300.000 personnes, puisse être transcrite de façon adéquate sur les claviers de leurs systèmes informatiques.

 

Et, selon le communique de l'UNESCO, l'Europe ne reste pas en marge de cette situation préoccupante.

Euskara (Basque), Breton, Corse, Gaëlique, Lombard et Saami (Scandinavie, minorité d'origine mongoloïde) sont 6 des langues du continent qui se trouvent en danger d'extinction.

 

Combien de savoirs peuvent disparaître avant même que nous les ayons connus ?

 

Un lien à consulter : www.upf.es/occ

 

VERS UNE LANGUE UNIQUE ?

 

Sur les 7000 langues existantes dans le monde, près de 90% sont menacées d'extinction à cause d'un nombre insuffisant de locuteurs.

Verra-t-on la domination d'une seule langue ?

Sans doute pas car chaque idiome en engendre de nouveaux.

 

"Le temps change toute chose: il n'y a aucune raison pour que la langue échappe à cette loi universelle", Ferdinand de Saussure, célèbre linguiste suisse (1857-1913).

 

La première caractéristique d'une langue est sa capacité à émerger très rapidement et la seconde est sa tendance à évoluer en permanence à l'instar du génome des organismes vivants mutant génération après génération; les langues n'ont cessé de se modifier au fil du temps.

 

Une seule langue peut donner naissance à plusieurs langues filles, comme par exemple la famille des langues "indo- européennes" dont le Français fait partie, qui provient d'après la majorité des linguistes d'une langue unique dite "proto indo-européenne".

Son lieu d'émergence reste encore sujet à controverse, mais on la date entre 8000 et 9500 ans.

Elle a engendré 430 langues, parlées par 2,5 milliards d'individus de Brest à Calcutta.

 

Comment s'explique une telle diversité ?

 

Quand une langue unique se répand dans de vastes zones géographiques soit par le biais de l'agriculture, soit par une conquête militaire au sein de communautés qui n'entretiennent pas entre elles de relations permanentes, les idiomes ne peuvent que se différencier au fil du temps.

Car toute langue a une propension naturelle à muter de façon autonome (comme tout organisme vivant le ferait) selon le contexte économique, social et culturel et ses changements.

Témoin les différences entre le Français que nous parlons aujourd'hui et celui des la fin du XIXème siècle.

 

Autre facteur de changement : la "créolisation" c'est à dire l'émergence d'une langue nouvelle suite au contact prolongé de groupes de personnes (locuteurs) parlant des langues différentes.

Ces langues sont le résultat de l'hybridation des langues des colons et navigateurs (Français, Anglais, Espagnol, Portugais, Holandais, etc...)avec les idiomes des populations autochtones (diverses langues amérindiennes, africaines , asiatiques ou autres) et ensuite selon le cas avec les populations africaines réduites en esclavage ou autres populations venues travailler sur place comme commerçants chinois, travailleurs indiens (coolies).

 

Elles sont progressivement devenues les langues maternelles des habitants de ces régions quelle que soit leur origine ethnique.

 

Les langues créoles sont parlées notamment dans  les Antilles, à la Réunion, au Cap Vert et à Hawaï.

 

Créole à base française : Antilles (Guadeloupe, Martinique, Haïti), Réunion, île Maurice, Seychelles, etc...

Créole à base anglaise : Saramaccan (Surinam), Jamaïcain, Krio (Sierra Leone), Beach-la-Mar, Chinese Coast pidgin .

Créole à base portugaise : Papamiento (Curaçao), Créole du Cap Vert.

 

Ces langues sont appelées créoles, pidgins ou sabirs (terme qui peut être péjoratif selon le contexte où il est employé).

 

Lingua franca : mélange Français-Italien-Portugais-Espagnol-Arabe parlé autrefois autour de la Méditerranée (peut être même sur les océans).

 

Mais, bien qu'évoluant sans cesse, les langues peuvent aussi disparaître très rapidement.

 

Témoin le Latin qui cessa progressivement d'être parlé à partir du VIème siècle avec la conquête de l'Empire romain par les peuples germaniques.

Ce qui permit la naissance des langues dites romanes dont le Français, l'Italien , l'Espagnol et quelques autres.

 

Cependant, ce phénomène d'extinction prend une ampleur inédite car les linguistes estiment que d'ici à 2100, de 50 à 90% des langues parlées de nos jours dans le monde auront disparu.

 

Une telle hécatombe s'explique par le nombre insuffisant de locuteurs parlant ces langues : sur les 6900 langues actuellement pratiquées dans le monde, 95% ne le sont que par 6% de la population mondiale; pire encore, environ 1900 langues sont utilisées par moins de mille locuteurs (chiffres publiés par l'organisation américaine Summer Institute of Linguistics, Octobre 2006).

Pour maintenir des liens économiques et sociaux avec les communautés linguistiques dominantes qui leur sont proches, elles sont contraintes d'en adopter peu à peu les langues.

 

Cette mort annoncée ira de pair avec le renforcement de la position dominante de langues comme l'Anglais, le Chinois (Mandarin), l'Arabe, l'Espagnol ou l'Hindi -Ourdou, ces cinq langues étant à l'heure actuelle les langues maternelles de 2,5 milliards de personnes, soit plus de 40% de l'humanité, ratio qui devrait rester inchangé au cours du XXIème siècle.

 

Toutefois, ce n'est pas uniquement grâce au maintien d'un grand nombre de locuteurs que ces langues conserveront leur dominance, le rôle de l'apprentissage d'une "deuxième langue" est aussi essentiel.

Certaines langues dites "de grande diffusion" franchissent en effet les frontières de leur communauté linguistique d'origine pour être parlées par un nombre croissant de personnes.

C'est le cas de l'Anglais qui serait parlé comme deuxième langue par 500 millions de personnes dans le monde alors qu'il est la langue maternelled'environ 350 millions d' individus.

Mais il n'aura pas le monopole, car une autre langue est en pleine expansion : le Mandarin, deuxième langue très prisée notamment en Asie.

 

Ces langues de grande diffusion risquent-elles un jour de supplanter toutes les autres ?

 

Peu probable d'abord car 1300 langues sont parlées chacune par plus de 100 000 personnes ce qui les met à priori à l'abri du risque de disparition.

Ensuite parce que ces langues à grande diffusion peuvent elles mêmes être à l'origine d'une diversité.

Pensons au Français parlé dans les différentes parties du monde francophone, mais aussi à l'Anglais "britannique" "américain" ou "australien" qui présentent des différences de plus en plus notables entrainant de véritables difficultés de communication.

Ces langues de grande diffusion pourraient devenir à l'instar du "proto européen" les langues mères d'une multitude de nouvelles langues assurant la diversité linguistique du monde.

 

Science et vie, Octobre 2006.

 

 

 

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